Pénurie de professionnels de la petite enfance : quelles solutions ?
Après les assistantes maternelles, les crèches sont le deuxième mode de garde le plus plébiscité par les Français. Et, alors qu’une récente étude menée par Caisse Nationale des Allocations Familiales montre que près de la moitié de ces établissements manquent de personnel, il n’est pas difficile de s’imaginer à plus large échelle combien la pénurie de professionnels de la petite enfance fait rage dans le pays. Face à cette crise, un comité de la filière “Petite Enfance” a été mis sur pied en novembre 2021 pour faire des préconisations afin de renforcer l’attractivité des métiers de la petite enfance, aux prises avec de nombreuses difficultés. En voici les propositions.
Les propositions du comité pour résorber la situation de pénurie de professionnels de la petite enfance
Après 6 mois de travail et une cinquantaine d’amendements déposés et soumis au vote, seuls deux (dont un mineur) ont été pris en compte à la majorité.
Pourtant, l’ensemble des propositions “à double détente” communiquées par le comité constitueraient un véritable “bloc de solutions à la fois ambitieuses mais réalistes” pour redynamiser ce secteur à la peine.
- “S’attaquer aux causes profondes”
Attractivité du secteur, accessibilité, qualité de vie… Autant de facteurs clé qui sont au coeur des propositions faites par le comité de filière “Petite Enfance” pour lutter contre la pénurie de professionnels de la petite enfance.
Ainsi, le premier axe repose sur l’augmentation du nombre de places en formation initiale.
Vient ensuite la question de la qualité de vie au travail. Pour l’évaluer, et surtout recenser les diverses difficultés rencontrées par les professionnels de la petite enfance, le comité a proposé la création d’un observatoire de la qualité de vie et des conditions de travail des métiers de la petite enfance. Et cette proposition a d’ailleurs été retenue puisqu’effectivement, la création d’un observatoire de la qualité de vie au travail dans la petite enfance, doté de 500 000 euros a été annoncée.
Quant au parcours de carrière, il représente une véritable pierre angulaire au niveau de l’attractivité du secteur de la petite enfance et de nombreuses propositions ont été faites à ce niveau :
- Simplification drastique de la VAE (validation des acquis par l’expérience),
- Construction d’un socle commun à tous les métiers ayant attrait à la santé, le social et l’éducation, de connaissances et compétences. Ainsi que l’amplification du plan de formation continue des professionnels afin de toujours garantir au mieux la qualité d’accueil du jeune enfant et l’égalité des chances dès les premiers pas,
- Facilitation des progressions de carrières grâce à des passerelles entre les métiers,
- Permission aux assistantes maternelles d’intégrer des équipes de crèches dès leur troisième année d’expérience,
- Etc.
Par ailleurs, les questions de rémunération et de promotion du secteur ont également été adressées.
Une campagne de promotion des métiers de la petite enfance a ainsi été adoptée puisqu’une grande campagne de communication à cet égard devrait être lancée dès cet automne.
Quant à l’augmentation des salaires, elle ne dépend, malheureusement, pas du comité de filière “Petite Enfance”, qui n’a, en la matière, aucune capacité de décision ou même de proposition.
Ainsi, et de manière à maintenir un maximum de professionnels dans l’emploi, le comité en a appelé à la DGT (Direction Générale du Travail), afin que des accords rapides (d’ici la fin de l’année) soient pris au niveau de la revalorisation des salaires des métiers du secteur de la petite enfance. Par ailleurs, le comité a également sollicité le Ministère de la fonction publique afin que le versement de la prime issue du Ségur de la Santé de 183 euros nets mensuels, soit également octroyée à l’ensemble des professionnels de la petite enfance, permettant ainsi une augmentation nette de leur salaire de façon tout à fait immédiate.
- “Adopter des mesures immédiates”
Par ailleurs, vous le savez, la pénurie de professionnels de la petite enfance faisant rage, le communiquée du comité de la filière “Petite Enfance” ne pouvait pas se passer de propositions à effets beaucoup plus immédiats.
Conjointement à l’augmentation du nombre de place en formation initiale, a ainsi également été proposé, le fait de condenser un maximum les délais de diplomation des professionnels de la petite enfance en facilitant, notamment, l’organisation des jurys, afin d’offrir une solution immédiate à la pénurie actuelle.
Enfin, et bien que le sujet ne fasse pas consensus, l’idée étant de pallier un maximum à la pénurie actuelle, ont été soumises les propositions suivantes :
- Faciliter l’embauche de titulaires de diplômes étrangers, notamment européens,
- Permettre, en sus des assistantes maternelles, à d’autres professionnels de l’accueil du jeune enfant d’intégrer les équipes de crèches au bout de 3 ans d’expériences,
- Permettre à d’autres professionnels que ceux déjà nommés d’être considérés aptes à encadrer les jeunes enfants. Cela pourrait ainsi être, par exemple, le cas de professeurs d’écoles, etc.
Un arrêté d’urgence qui ne met pas tout le monde d’accord, parents comme professionnels de la petite enfance
Alors que ces chiffres parlent d’eux-mêmes, un nouvel arrêté ministériel qui est entré en vigueur le 31 août a littéralement outrepassé le niveau de proposition qui avait été fait par le comité dans le cadre d’une action immédiate face à la crise, face à cette pénurie de professionnels de la petite enfance.
En effet, depuis le 31 août, des employés non-diplômés sont susceptibles d’être recrutés par les crèches et pourront représenter jusqu’à 15% de l’effectif.
De quoi poser question vis-à-vis de la qualité de l’accueil et de la capacité du gouvernement à résorber cette pénurie qui ne date pas d’hier…
Un parcours d’intégration au bénéfice de ces nouveaux professionnels non-diplômés sera toutefois mis en place pendant les 120 premières heures de leur nouvel exercice professionnel.
Solution miracle contre la pénurie de professionnels de la petite enfance ? Vrai gain de temps pour les membres actuels des équipes de crèche ? Rien n’est moins sûr…
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